Les restrictions européennes sur les voitures électriques chinoises menacent à la fois l’industrie et la qualité de l’air

Destinées à protéger l’industrie automobile européenne, les taxes douanières sur les véhicules électriques chinois pourraient avoir l’effet inverse sur les émissions de CO₂.

Depuis plusieurs mois, la Commission européenne envisage d’imposer des droits de douane allant jusqu’à 45 % sur les voitures électriques importées de Chine. Une mesure censée défendre les constructeurs européens face à la montée en puissance de marques comme MG, BYD, Chery ou Leapmotor. Mais selon une analyse récente, cette stratégie pourrait paradoxalement freiner la réduction des émissions de CO₂ dans l’Union.

En effet, ces taxes ont provoqué une hausse de prix sur certains modèles électriques abordables, poussant les consommateurs à se tourner vers des véhicules thermiques plus accessibles. Un exemple ? Le MG ZS 1.5 essence, vendu à un tarif très compétitif, affiche 149 g/km de CO₂, bien au-dessus des seuils fixés par la réglementation CAFE. Cette tendance, si elle se confirme, va à l’encontre des objectifs climatiques européens.

Le double impact des barrières de l'UE contre les voitures électriques chinoises inquiète
Les mesures restrictives imposées par l’Union européenne pour limiter l’importation de véhicules électriques chinois génèrent un double effet pervers.

Un déséquilibre accentué chez certains constructeurs

Certaines marques chinoises implantées en Europe — comme MG ou Chery — disposent encore d’une gamme très limitée de modèles 100 % électriques, ce qui ne leur permet pas d’atteindre les quotas d’émissions exigés à court terme. En conséquence, elles risquent de dépasser les plafonds autorisés, et donc de payer des pénalités importantes.

Pour éviter une distorsion trop brutale du marché, la Commission européenne a décidé de reporter à 2027 l’application des sanctions financières, en accordant trois années de délai supplémentaires aux constructeurs concernés. Une manière d’éviter un choc immédiat, mais aussi un signal de la complexité du dossier : comment réguler sans freiner l’innovation ni la transition ?

Vers une alternative plus équilibrée : le prix plancher

Face à ces conséquences inattendues, une nouvelle solution est à l’étude à Bruxelles : l’instauration d’un prix minimum à l’importation pour les véhicules électriques. Cette méthode viserait à protéger l’industrie locale sans bloquer l’arrivée de modèles accessibles sur le marché européen.

Ce système — encore en discussion — permettrait de fixer un tarif plancher sous lequel aucun véhicule importé ne pourrait être vendu, évitant ainsi le dumping tout en laissant place à une concurrence régulée. Mais cette approche nécessite un accord bilatéral entre l’Union européenne et la Chine, qui, pour l’heure, reste à construire.

Protéger ou ralentir ? Un dilemme stratégique pour l’Europe

À l’heure où l’Europe cherche à atteindre ses objectifs de neutralité carbone d’ici 2050, chaque décision politique pèse lourd. Les droits de douane, bien qu’intentionnés pour soutenir la filière européenne, pourraient ralentir l’adoption de véhicules électriques bon marché, notamment pour les ménages les plus modestes.

La vraie difficulté réside donc dans l’équilibre : soutenir l’industrie sans sacrifier l’accessibilité, encourager la production locale tout en maintenant la pression sur la transition énergétique. Un enjeu d’autant plus stratégique que les marques chinoises gagnent du terrain et que les consommateurs, eux, cherchent des alternatives crédibles, durables… et abordables

Read more

Local News